Cours du carburant : le contexte mondial
En temps normal, les prix à la pompe reflètent la volatilité des prix du baril du brut. Le pétrole brut est le pétrole qui provient directement de l’exploitation d’un puits, avant l’opération de raffinage qui permet d’en obtenir les carburants. Son cours varie au quotidien, selon l’offre et la demande au niveau
mondial.
En ce moment, la volatilité sur les marchés pétroliers est très forte. Évidemment, elle est alimentée par le conflit ukrainien, mais pas uniquement.
Dans les premières semaines du conflit en Ukraine, les craintes se sont focalisées sur le gazole, un produit que l’Ukraine exporte massivement vers l’Europe. Ces tensions restent fortes, mais elles se sont estompées. L’embargo européen sur les produits raffinés russes n’entrera en vigueur qu’à Noël. Cela laisse un peu de temps à la filière européenne pour se réorganiser.
La demande aux Etats-Unis est un autre facteur d’explication. Outre-Atlantique, c’est en effet le début de la “driving season”, la période estivale où les déplacements se font plus nombreux. La demande devient très forte, et l’Europe est exportatrice pour ce marché. Cela a pour effet de tirer les prix vers le haut.
Impact du cours de l’euro sur le cours du baril
Si tout le monde a les yeux braqués sur le cours du baril, celui de l’euro face au dollar a lui aussi son impact. L’actuelle faiblesse de la devise européenne amplifie la hausse du cours du pétrole en Europe. Il y a quelques années, un prix du baril du brut aussi cher qu’aujourd’hui s’était
plus faiblement répercuté sur les prix dans nos stations, parce que l’euro était plus fort.
Les taxes, plus de la moitié du prix à la pompe
Il est intéressant aussi de comprendre que le prix du produit raffiné (le pétrole ayant subi l’opération de raffinage qui le transforme en carburant) ne représente... que 30% environ du prix que nous payons à la pompe.
Les taxes perçues par l’Etat représentent un peu plus de la moitié de ce prix. Il y a d’abord la TVA, de 20%. Puis la TICPE, la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques, qui représente environ 40%.
D'autres taxes, dites indirectes, s’appliquent également sur les carburants, comme la TGAP, la Taxe Générale sur les Activités Polluantes.
Quelles sont les aides mises en place par le gouvernement ?
Une subvention de 18 centimes est entrée en vigueur le 1er avril. Elle est directement visible sur les prix à la pompe, c’est-à-dire qu’elle est intégrée au prix qui s’affiche sur le totem lorsque vous entrez dans une station-service. Elle continue de s’appliquer jusqu’à
fin août, pour un coût total estimé à 3 milliards d’euros.
Le Ministre de l’Economie souhaite ensuite passer progressivement d’un dispositif pour tous à un dispositif ciblé. Lors d’une intervention sur
France Info le 24 avril il a déclaré en effet qu’il redirigerait cette aide “vers ceux qui sont obligés de prendre la voiture pour aller travailler”. En exemple, il a pris le cas d’une assistante médicale “qui parcourt 100, 150 kilomètres par jour ou
parfois davantage”. Et il a assuré que l’administration était désormais capable de croiser des données comme le niveau de revenus, le véhicule détenu, sa consommation d'essence, le nombre de kilomètres parcourus.
Pendant ce temps, les prix à la pompe continuent d’augmenter. “Le pic inflationniste va durer encore plusieurs mois” a prévenu Bruno Le Maire dans une
interview accordée cette semaine aux Echos. On estime qu’un Paris-Nice en voiture, cet été, coûtera presque 40 euros de plus que l’été dernier.